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Comment aujourd'hui chanter des musiques vieilles de 500, 800, 1000 ans ? Quelle démarche entreprendre, guidée par quels critères ? C'est toute une série de questionnements qui surgissent dès qu'on s'attache à restituer ces monodies et polyphonies, comme pour toute musique très ancienne.
La première préoccupation qui motive tous les travaux de l'ensemble Diabolus in Musica depuis ses débuts en 1992 est le souci de véracité historique et la recherche constante des conditions d'interprétation de l'époque. C'est ce choix qui guide tous les projets de l'ensemble et induit toutes les options d'interprétation. Il existe d'autres choix possibles, d'autres démarches sont bien sûr envisageables, j'explique simplement ici ma volonté de tenter de reproduire les sonorités et les couleurs les plus proches de ce qu'ont entendu nos prédécesseurs du Moyen Âge. Quand on parle de souci historique, les guillemets sont de rigueur et chacun souligne l'aspect subjectif, voire chimérique de l'entreprise "les sons du passé sont à jamais perdus, comme l'époque qui les a vu naître"... Je crois pourtant qu'il est possible de suivre ce chemin difficile avec beaucoup d'humilité, en faisant le moins de concessions possibles et tout au moins en essayant de mettre toutes les chances de son côté.
Ceci passe d'abord par une grande connaissance et une fidélité très attentive aux sources manuscrites. La musicologie est alors évidemment un outil indispensable, même si elle ne suffit pas. La connaissance des contextes historique et artistique est un second pilier sur lequel on peut fonder un travail sérieux de restitution, ceci bien sûr dans le cadre du concert moderne et tenant compte de notre subjectivité de musiciens du XXIe siècle.
Vous trouverez au fil de ces pages, pour chaque répertoire abordé par l'ensemble, des exemples significatifs de pièces réécrites ou transcrites, leur source manuscrite et les commentaires éclairant notre travail.
Antoine Guerber