
CRÉATION 2025
Clamer le droit au désir amoureux, telle est la portée de ces poèmes en langue d’oïl (du nord de la France), appelés « chansons de toile » ou « chansons d’histoire », retrouvés dans des manuscrits du XIIIe siècle. Un Je désirant féminin, une activité de broderie (« de toile ») et une narration (histoire) déterminent cette forme poétique originale issue de la poétique épique aux traits archaïsants. Dans une époque où l’idéal chevaleresque commence à décliner, une jeune femme de noble lignée cherche à contrarier l’ennui, le désespoir, en vaquant à sa tâche : lire, tisser, broder. Cette occupation crée dans la dramatisation du poème l’expression de l’étirement du temps : notre « héroïne » est en l’occurrence toujours séparée de celui qu’elle aime. Cette femme est à l’évidence toujours éclatante de beauté, le mot Bele omniprésent dans ces textes invite inexorablement à l’expression du désir, Bele Yolanz… Bele Doette…
Ces chansons exerçaient incontestablement un genre de séduction pour qui les entendaient à l’époque. Entre poésie épique et poésie lyrique, portant différents chemins de l’amour, ces chansons sont de véritables petits joyaux sonores et littéraires pour nos oreilles. Leurs contours mélodiques parfois très ornés impliquent une exigence du chanteur, mettant en valeur ce temps distendu et les obstacles des chemins de l’amour. Que ces chansons aient été écrites par des femmes ou non, leur voix parle d’elles, au-delà du monde clos qui leur est assigné. Leur exécution musicale, s’élevant à l’idéal de la beauté visuelle féminine, contribue pleinement à l’expression du désir amoureux.
Effectif : 1 chanteuse et 1 viéliste